Un titre évocateur, et qui résume bien les choses. Oui le blog était au point mort depuis que nous sommes rentrés du Canada, beaucoup à cause du manque de temps. Rentrer en France s'est fait presque trop facilement, mais il a fallu répondre à certains besoins logistiques (boulot, logement, argent...). Bref, que de bonnes excuses pour laisser notre blog en berne. Bon ok, pas si bonnes que ça. Mais il faut l'admettre, beaucoup aussi par découragement face à l'étendue du travail qui nous attend. Et quand je dis nous, je parle de la profession en entier, pas seulement de deux petits kinés perdus au grand pays froid de l'evidence based physiotherapy !
Pour ceux qui les attendent, mais je doute que vous soyez nombreux, nous avons bien effectué nos interviews de physiothérapeute québécois. Le problème ? Plus de 3h de vidéos à décortiquer, à réduire en petites interventions de moins de 3min (au-delà parait-il le spectateur abandonne) et à rendre le plus "regardable" possible. Nous ne sommes pas des pros de l'audiovisuel comme en témoignent nos images, donc j'espère que l'on pourra rendre ça digeste, dans le cas contraire beaucoup de temps aura été investi pour rien, et beaucoup de personnes mise à contribution pour au final aucun résultat. Or il me semble primordial de publier ses vidéos qui permettent concrètement de prendre toute la mesure du fossé qui nous séparent. Si il y a bien une chose dont je me suis rendue compte en rentrant, c'est du désintérêt quasi-total des autres kinés pour ce qu'ils pourraient apprendre des physiothérapeutes étrangers, qui pourtant nous devancent de quelques décennies dans l'amélioration de leur pratique. Alors il est totalement compréhensible que certains se sentent très bien comme ils sont, et je le respecte. Toutefois dans ce cas-là il ne faut pas prétendre à des revalorisations trop gourmandes, qu'elles soient pécunières, sociales, ou autres, si l'on souhaite rester dans l'immobilisme (Il paraît qu'en politique les pléonasmes ça a du bon). Dans les forums il revient très souvent une comparaison financière malheureuse avec le plombier qui a tendance à me révolter, laquelle je suis sûre tout kiné ou presque l'a déjà dite ou pensée. Certains mettent en avant les responsabilités, d'autres les compétences (para)médicales ou tout simplement que nous nous occupons d'êtres humains qui ne sont pas comparables à des tuyaux qu'on raccorde. Ils ont raison, mais pour justifier de cela encore faudrait-il s'intéresser un peu à ce qui se fait en matière de recherche dans notre domaine, aux formations qui attestent d'une pratique basée sur les preuves, si l'on souhaite prodiguer à notre patient le meilleur traitement possible pour le soulager.
Ok, être sympa ça compte aussi, 50% d'effet placebo y paraît. Toutefois si vous passez à côté d'un drapeau rouge même cela ne vous sauvera pas.
Il y a bien evidemment l'expérience, qui compte aussi pour beaucoup. Et heureusement parce que c'est ce qui constitue finalement la base de 90% de notre pratique aujourd'hui dans l'hexagone. Mon pourcentage est totalement imaginé je l'admet, j'aurais pu mettre 50 ou 75, mais le principe de toute bonne propagande est de marquer les esprits à grands renfort de chiffres qui font peur, isnt-it ?
Alors si vous reprenez tout ce qui je viens de citer, ça donne quuuooooiiiiiiii ?
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les évidences scientifiques....
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Ce que le patient veut/aime/croit bon pour lui...
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l'expérience clinique...
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Non toujours pas ? Je vous laisse alors vous reporter à un de nos anciens articles, la première partie de "la kinésithérapie basée sur les preuves, rêve ou réalité". Si l’envie vous prend de vous farcir la suite, libre à vous.
Alors pourquoi ce coup de gueule tout d'un coup? Parce que d'un, ça fait du bien, de deux, ça donne l'impression de faire bouger les choses, même si au fond on sait bien que non, et de trois, parce qu'aujourd'hui j'ai vécu un grand moment d'extase professionnelle quand un médecin (généraliste) m'a appelé, stupéfait que j'ai pris le temps de lui faire un courrier où je faisais prudemment part de certaines de mes inquiétudes sur le plan strictement médical, qu’il a eu la bonté de trouver pertinentes. Je dis bien prudemment car pour ceux qui se sont déjà livrés à cet exercice de style difficile, où tout ce que vous écrivez doit être seulement supposé, suggéré afin d’amener tout en finesse le professionnel MEDICAL à concéder une radio, un scanner ou un changement de traitement, vous savez à quel point la tâche n’est pas aisée. Alors quand Le Docteur vous dit que la nouvelle génération de kiné aura sans doute beaucoup à lui apporter, vous bomber le torse, et vous vous dîtes que ça en fera un de moins qui écrira “massage pour réeducation d’une rachialgie”. C’est déjà ça de pris...
Désolé pour ce petit moment d’auto-satisfaction, mais si j’en parle c’est aussi pour mettre en avant l’intérêt de sensibiliser les autres professions aux changements qui s’opèrent petit à petit dans nos pratiques. Et aux vues des trois heures destinées à aborder ce que sont les différentes professions paramédicales auprès des étudiants médecine et la dispartion des MPR, cela me semble plus que nécessaire. Nous ne sommes pas que des masseurs, bon sang!
Voilà pour résumer, chacun à son échelle peut faire avancer les choses. Il n’est pas nécessaire de devenir chercheur ou un fervent activiste pour avoir une pratique plus éclairée, et donc plus intéressante. Bien sûr chacun est libre de faire comme il l’entend, mais comme on dit, l’union fait la force. Et il semble que l’esprit révolutionnaire français soit en jachère depuis un certains temps.
Enfin, et pour ceux qui seraient passés à côté, je relaie un article d’ActuKiné au sujet de la Société Française de Physiothérapie qui propose désormais pour 30 euros par an un accès illimité aux revues de la cochrane library notamment, ce qui constitue en soi déjà un excellent outil pour savoir où en est la recherche aujourd’hui dans les principaux domaines de la physiothérapie (entre autres). Maintenant, plus d'excuse pour ne pas chercher dans la littérature la réponse scientifique à vos questionnements ou ceux de vos patients.
Et sachez qu’elle propose également des résumés en français, c’est-y-pas-top ça ?